| 07.03.12 | 09h33 • Mis à jour le 07.03.12 | 12h33
Le duel avec l'ancien premier ministre socialiste allait donner au président sortant la possibilité de substituer enfin la critique de son principal adversaire à la justification de sa propre politique.
De fait, M. Fabius a accusé M. Sarkozy d'avoir "proféré des accusations violentes contre M. Hollande", ce qui a permis au président-candidat de renvoyer au député socialiste ses propos pendant la primaire. "Vous avez dit : “Vous imaginez François Hollande président ? On rêve !” Et c'est moi qui suis violent?", a-t-il lancé.
Enonçant les trois qualités nécessaires, selon lui, pour être président –"rassembler et non diviser, être modéré, être proche des gens et capable de leurapporter des solutions" –, M. Fabius a conclu: "Entre vous-même et François Hollande, la comparaison va dans le sens de François Hollande." A quoi le candidat UMP a opposé les 53 % des Français rassemblés sur son nom en 2007 et les divisions de la présidence Mitterrand, pendant laquelle il y avait eu, en 1984,"pour l'école libre, des millions de gens dans la rue". "Ce n'a pas été le cas pendant mon quinquennat (…), il n'y a jamais eu de blocages, il n'y a jamais eu de violences", a souligné M. Sarkozy.
"VOTRE BILAN, C'EST VOTRE BOULET"
Cet échange et quelques autres n'ont pourtant pas permis au président sortant deparvenir à ses fins. "Votre bilan, c'est votre boulet", a asséné M. Fabius, citant les deux échecs sur le pouvoir d'achat et le chômage. Et quand M. Sarkozy a invoqué la crise et expliqué que l'Allemagne s'en sort mieux parce qu'elle a fait des réformes plus tôt, M. Fabius a résumé son propos: "L'échec, c'est les autres."
M. Sarkozy avait, en début d'émission, excusé la soirée du Fouquet's par sa séparation avec son épouse d'alors: "Ma famille qui explosait." La croisière sur le yacht de Vincent Bolloré ? "Je n'ai pas impacté le poids du symbole." Ses amis patrons fortunés ? François Mitterrand avait "donné Canal+" à son ami André Rousselet. Mais le bilan l'a poursuivi jusqu'au bout de l'émission, quand Franz-Olivier Giesbert (Le Point) lui a reproché d'avoir aggravé l'endettement de la France. François Fillon ne l'avait-il pas mis en garde, à l'été 2007, sur la situation de l'Etat "en faillite" ?
La seule parade, pour M. Sarkozy, c'est d'en découdre avec le Parti socialiste et son candidat, champion du "flou", un homme "qui ne sait pas choisir" et "qui a tendance à dire oui à tous ceux à qui il s'adresse". Le PS est accusé de tous les maux, notamment de profiter de la montée du Front national. "Je dis aux électeurs du FN qu'apporter une voix à Marine Le Pen, c'est donner une voix au PS", a insisté, mardi soir, le président sortant.
SIGNAUX AUX CENTRISTES
S'il s'est défendu de toute droitisation, M. Sarkozy n'en a pas moins affirmé : "Le mot 'immigration', on n'a même pas le droit de le prononcer", avant d'ironiser:"Depuis le temps que je fais des virages à l'extrême droite, je devrais me retrouverà l'extrême gauche !" Il s'est dit pour la division par deux des flux migratoires, parce que "nous avons trop d'étrangers sur notre territoire".
Il a prôné la mise sous condition de ressources du permis de séjour pour les conjoints étrangers de Français, tandis que pour bénéficier du RSA et du minimum-vieillesse, les étrangers devraient justifier de dix ans de présence et de cinq ans d'activité.
M. Sarkozy s'efforce aussi d'adresser des signaux aux électeurs centristes. Mardi soir, il a rendu hommage, par deux fois, à François Bayrou, qui a eu la "meilleure réaction", selon lui, sur la proposition de M. Hollande de taxer les revenus à 75 % au-delà de 1 million d'euros par an. "Quel mauvais exemple pour nos jeunes!", avait déclaré le candidat du MoDem.
"Il vaut mieux parler des Français pendant deux bonnes heures plutôt que de parlerde soi-même pendant plus de trois heures !", a commenté M. Hollande, mercredi matin, sur Europe 1. Le candidat socialiste est entré dans le débat souhaité par M. Sarkozy, mais pour renvoyer celui-ci, une fois encore, à son bilan personnel et politique.
Arnaud Leparmentier et Vanessa Schneider
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